mardi 14 juin 2016

Les GHT: savez vous de quoi il s'agit?

La Loi Santé adoptée par le parlement français va créer les Groupements Hospitaliers de Territoires. Ces entités seront le nouveaux organes directeurs des établissements de santé. Ces groupements pourront être imposés par l'ARS. Rien n'interdit de regrouper des établissements aussi différents par leurs tailles que par leurs spécialités, le but étant de mutualiser les moyens et d'atteindre ainsi les 22 000 suppressions de postes réclamés par le gouvernement pour répondre aux exigences de Bruxelles.
A l'heure actuelle, concernant l'hôpital de Digne déjà sous la tutelle du CH d'Aix, rien n'est clairement communiqué aux salariés bien que des articles de presse fassent mention de coopération, voire de fusion avec l'hôpital de Manosque!
Mais le CH d'Aix ne l'entend pas ainsi, craignant ppour sa part une absorption par l'APHM! Que découlerait de ces différentes organisations? Quelle activité pour Digne? Quelle gouvernance? Quel avenir pour les emplois spécifiques de notre établissement? Quelles conditions de soins pour les habitants du bassin dignois?
Autant de questions qui laissent dans l'incertitude. Aucune réponses claires ne nous a été apporté clairement par les dernières réunions des instances (CTE et CHSCT). Pour l'instant, chacun fait son marché: qui prend le viscéral, qui evut l'ortho, qui garde la cardio?
Malheureusement, l'histoire (l'hôpital de Sisteron par exemple) comme la politique actuelle nous laisse craindre le pire en terme d'accès aux soins et de conditions de travail.

Notre établissement consacre une part majeure de son activité à la psychiatrie. La loi santé va lui faire perdre définitivement la politique progressiste de secteur.
L'état des lieux de la psychiatrie montre une dégradation incessante au niveau de la qualité des soins, de la prise en charge ainsi que des conditions de travail. Les Dotations Annuelles de Financement (DAF) sont gelées, voire en baisse. La cotation des actes et des prises en charge est synonyme d'uniformisation arbitraire et de mise en compétition à tous les niveaux des lieux de soins dans un contexte de budget contraint. Nous voyons d'ailleurs de plus en plus le privé lucratif répondre aux appels à projets des ARS et s'engouffrer dans les vides laissés vacants par le public.

Ces futurs GHT éloigneront les patients et les familles, de la politique de secteur qui a fait la richesse du soin psychiatrique de proximité à partir des années 1960. Les GHT ne vont qu'accentuer la casse de la psychiatrie dans sa dimension d'acteur de la cohésion sociale.

Ce système d'exclusion, est en contradiction avec les valeurs humanistes qui fondaient jusque là la psychiatrie française. L'accentuation de la rupture sociale avec les plus fragiles, que sont souvent les malades chroniques de la psychiatrie, est réelle.

D'une manière générale, le caractère autoritaire de cette organisation en entreprise de "soins" fera du rendement la valeur principale, mise en oeuvre par des pressions managériales. Cela se traduira par une augmentation de la charge de travail, une mobilité imposée pour mieux répondre aux objectifs, avec obligations de résultats basées sur des critères uniquement financiers, et une classification des pathologies en fonction de leur rentabilité. Ce contexte crée de la souffrance au travail (perte de sens) et des situations d'une extrême violence tant du côté des soignants que des soignés.

La CGT a toujours été porteuse de changement, quand celui ci amène une évolution positive du droit d'accès à une santé de qualité et égalitaire pour tous.


Quelles conséquences pour l'hôpital de Digne?

Pour la CGT, c'est assez simple: pendant que chaque Directeur (Digne, Aix, Manosque) cherche à tirer profit de cette période de flottement pour récupérer la meilleure place, nous nous interrogeons sur l'avenir des salariés; que va t il advenir de la blanchisserie actuellement  au GCSPA? Que va t il advenir des services techniques, du service social, du service administratif, des instances représentatives (Conseil de Surveillance, CTE, CHSCT, CAP)? Comment vont être réparties les différentes spécialités? Où se trouvera le pouvoir médical?

A toutes ces questions, personne ne peut répondre vraiment. Mais ce qui est certain, c'est qu'au final, il faudra "moderniser" les hôpitaux publics en faisant 3 milliards d'économie et en supprimant 22 000 postes! L'objectif est donc de centraliser les services supports (informatique, administratif, technique...) afin d'en réduire les coûts, surtout de personnel. Au passage, on pourra encore supprimer des postes. L'autre objectif est de marchander les spécialités au bénéfice de tel ou tel établissement. Au passage, on pourra supprimer encore des lits.

Cela obligera aussi les patients à se déplacer encore plus loin pour se soigner; cela permettra aux directeurs de demander encore plus de souplesse et de mobilité aux personnels.

Ce n'est pas notre conception d'un hôpital, public moderne, au service de sa population et de ses besoins.