La révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), et la loi HPST (loi Bachelot) accélèrent l'évolution du secteur de la santé comme un secteur marchand.
La ligne de conduite des directions d'hôpitaux est : "Baisser le coût du travail".
Donc tout l'art de la direction va consister, entre autre, à amener les équipes à réclamer le travail en 12h afin d'économiser du personnel. Bien sûr, le discours sera le suivant: les 12h, c'est un bienfait, c'est la demande des jeunes, une soi-disant possibilité de mieux se reposer, ou d'avoir du temps libre pour travailler ailleurs. En réalité, depuis plusieurs années, la gestion des effectifs à flux tendus et le non remplacement des absences (même longues) a entraîné un épuisement "des survivants"; ceux-ci en arrivent à souhaiter les 12h pour fuir leurs conditions de travail devenues trop pénibles.
Le travail en 12h permet en fait à la direction de réduire les effectifs. Evidemment on augmente la charge de travail, la fatigue, et donc l'absentéisme, ce qui est exactement l'inverse des objectifs annoncés.
Nous apportons ici des arguments établis au regard des expériences vécues dans différents hôpitaux de France. De manière générale, les agents contestent l'application du travail en 12h.
Au niveau juridique:
- Le travail en 12h n'est autorisé par la loi que par "dérogation", la mise en place de façon ordinaire est illégale. La base de volontariat est invoquée mais jamais respectée.
- L'article 6 du décret de 2002 précise que sur une période de 7 jours consécutifs, c'est 48h maximum (heures supplémentaires comprises). Dans la réalité, suivant les plannings présentés pour les Brancardiers chauffeurs SMUR, l'application du travail en 12h amène les agents à réaliser 60h sur 7 jours consécutifs.
Au niveau de la santé:
- Un risque accru de 67% de pathologies cardiaques à partir de la 11eme heure de travail (étude anglaise White All II),
- Survenue de troubles métaboliques graves,
- Le travail de nuit entraîne des risques plus importants du cancer du sein chez la femme,
- Une augmentation de la fatigue car il y a aussi obligation de remplacement en cas d'absence des collègues.
Au niveau des conditions de travail et conditions de vie:
- Augmentation de la charge de travail
- Articulation difficile entre vie professionnelle et vie privée
- Perte du lien social
Pour finir, l'application du travail en 12h engage la responsabilité de la direction de l'établissement. En cas d'erreur professionnelle, il y a co-responsabilité (Employeur et agents).
Nous sommes responsables de la société que nous mettons en place et de l'acceptation ou pas des "choix" qui nous sont imposés.
La CGT n'est pas contre les salariés acceptant le travail en 12h, mais contre les conditions de travail qui nuiraient à leur santé.